mercredi 22 octobre 2014

Des Racines et des ailes

Une erreur de manip m'a fait supprimer ce billet.
Je viens de m'en apercevoir. Je le publie à nouveau avec vos commentaires
(je les ai retapés, faute de pouvoir les insérer suite au texte).
Merci pour vos petits mots...
Et deux coups de fouet bien mérités pour ma maladresse !
Le billet posté aujourd'hui, L'amour au crayon à papier,
se trouve juste en dessous.


Il s'appelait Racine. Ce fut son nom qui me poussa à l'appeler, d'autant que son cabinet se trouvait dans l'arrondissement voisin.
S'appeler Racine pour un psy, voilà qui semblait prédestiné.
Je pensai au tragédien, bien sûr, mais aussi à ces liens souterrains qui nous constituent et nous emprisonnent, ces liens qui s'obstinent à parler à travers nous alors que nous voudrions inventer un nouveau langage.
Moi, je devais à cette époque remonter aux racines du mal.
Je n'allais pas bien, et plutôt très mal. J'aimais un homme grand par la taille et encore petit par le coeur. Un homme pour lequel je ne comptais pas tant que ça, qui m'accordait dans sa vie un strapontin tandis que je réclamais un fauteuil. Un homme qui ne savait pas ce qu'il voulait ni qui il voulait. L'autre, l'ex transie devenue la bonne copine pas trop exigeante, moi, personne ? La brune aux yeux bleus et à gros seins de ses fantasmes ?
Notre relation avait dénudé mes failles jusqu'à l'os. Les blessures d'enfance me revenaient en pleine figure, démultipliées. L'insécurité, la certitude de ne pas être à la hauteur, le manque de confiance en moi et la peur viscérale de l'abandon me suffoquaient. Barricadée dans mon studio, j'étais en roue libre. Je ne mangeais plus guère et me nourrissais d'obsessions, d'idées noires. J'avais des crises de larmes, des insomnies, des attaques de panique.
Bloquée au fond d'une impasse, je n'arrivais plus à vivre. Et le jour le suicide m'apparut la porte de sortie, je décrochai mon téléphone.
C'est Racine lui-même qui décrocha. Voix grave, profonde, apaisante. Rien qu'à l'entendre, ma poitrine se libéra d'un poids.
- Pourquoi voulez-vous consulter ? barytonna la voix.
Incapable de démêler ma pelote en trois phrases, je bafouillai une réponse sans queue ni tête.
Ai-je dit que j'espérais un soutien ponctuel pour passer un cap infranchissable seule ? Si je l'ai dit, je mentais. Je savais que ce n'était pas qu'un cap supplémentaire mais bien un voyage au fond de mes peurs les plus ancrées, une exploration de moi-même des sols au plafond, une refonte de mon être et de mon système de valeurs.
Je savais que, loin de régler mon problème en dix séances, j'en prenais pour des années.
- C'est urgent, Mademoiselle ?
- Je crois, oui.
Bruit de pages tournées à l'autre bout du fil et rendez-vous fixé dans la semaine.

Le jour dit, je me rendis à pied au cabinet de Racine. Cette marche de vingt minutes deviendrait l'un des rituels de ma thérapie.
Une fois à destination, je coulai un regard au travers des grandes baies de la salle d'attente. Une banquette et des coussins. Une pièce claire, nette, remplie de magazines et de jouets. Ainsi que l'indiquait la plaque, Racine le psychologue partageait son cabinet avec des confrères, dont une orthophoniste qui travaillait avec des enfants.
Ding dong ! fit la sonnette.
À peine eus-je le temps de m'asseoir qu'un homme surgit du sous-sol. Lorsqu'il prononça mon nom, je reconnus sa belle voix profonde. La surprise dut se peindre sur mon visage. J'eus un temps de retard pour me lever et venir à lui.
Jamais je n'aurais imaginé Racine ainsi.
Il était jeune, quelques années de plus que moi au jugé. Pas très grand, habillé d'un simple jeans, d'une chemise et d'un pull en V. Son visage régulier s'ornait de petites lunettes et d'un sourire aussi franc que sa poignée de main. Il dégageait une grande douceur, une sérénité réconfortante, une humanité qu'à vif, je perçus de tous mes pores.
- Suivez-moi, Mademoiselle.
Racine me guida dans sa salle de consultation, au bas de l'escalier. Dévalant les marches, je plaisantai sur la descente dans l'inconscient et l'arrivée dans la matrice. Il gloussa en m'ouvrant sa porte. Je découvris une petite pièce blanche, un bureau en bois, des étagères croulant sous les livres, un divan et deux chaises.
- Installez-vous, je vous en prie !
J'appréciai que Racine ne fût pas un psy guindé. Sa chaleureuse simplicité le situait à mille lieues de mon ancien thérapeute, un neuropsychiatre très âgé, chauve, bossu, parkinsonien et suprêmement indifférent. Je lui aurais dit que j'avais tué ma mère et cuisiné son foie aux petits oignons qu'il n'aurait pas bronché.
Une seule fois ce vénérable docteur s'autorisa un haussement de sourcils. Je sonnai à son chic cabinet munie de mes grosses lunettes et d'un piercing nasal tout frais, vêtue d'une jupe outrageusement courte, d'un imperméable jaune citron et de bottines violettes.
Il me reconnut si peu qu'il faillit me laisser dehors.

Assise sur le divan de Racine, je retenais mes larmes. Je lui parlai de Dermott, cet homme qui avait envahi ma vie, de l'hébétement suite à notre rupture, de l'impression de tomber sans fin, de plus en plus bas.
- Dermott a appuyé sur tous mes boutons, dis-je.
- Quels boutons, au juste ?
Je décochai à Racine un regard ahuri, presque soupçonneux. Feignait-il de ne pas comprendre ? Comment lui, psychologue de son état, pouvait-il ne pas savoir ? C'était si évident !
Mais tout ce que Racine voyait, c'était ma détresse presque à bout de mots.
Plus tard je rirais de ma méprise et en tirerais même une loi : l'évident pour moi ne l'est pas forcément pour les autres.
Et la thérapie continua, de semaine en semaine. Ma libération se faisait attendre, mais on ne règle pas vingt-cinq ans de vie en six mois. Patience et obstination font aussi partie de la quête.

Même fréquents, même pénibles, les rendez-vous avec Racine ne se transformaient pas en contraintes. J'appréciais cet homme, son humour aigu, sa bienveillance, ses convictions, sa façon de travailler. Conscient que certains de ses patients ne roulaient pas sur l'or et qu'une thérapie demeure un luxe, il modulait ses tarifs selon les ressources de chacun. Si l'on perdait pied, on pouvait l'appeler, lui laisser un message en son absence. Il rappellerait, prendrait le temps d'écouter, de rassurer, de conseiller.
J'eus l'occasion de vérifier que cette promesse n'était pas un vain mot. Un samedi de déroute, je composai le numéro du cabinet, tombai sur le répondeur, bafouillai quelques phrases. Racine retourna mon appel le soir même, bien en dehors des heures de consultations.
Avec lui pour thérapeute je n'avais pas l'impression d'être livrée à moi-même. Notre lien perdurait en dehors des consultations, d'autant plus essentiel qu'une de mes terreurs était l'abandon.

Racine fut l'artisan d'une leçon que je n'oublierais jamais. Au cours d'une séance j'évoquai mon père, le culte de l'effort et du toujours mieux qui empoisonna mon enfance. De bons résultats, ça ne suffisait pas. Mon père vivait et régentait sa famille selon la devise des Jeux Olympiques : plus haut, plus vite, plus fort.
Il fallait viser le sommet, sans trêve, devenir le gagnant qui impressionne, le chef que les autres envient. Et tant pis si au terme de cette fuite en avant, on se fracasse contre un mur. Ne voilà, après tout, que des dégâts collatéraux.
Mon père était un adepte de la "méritocratie". Sa devise ? En baver des ronds de chapeau pour réussir, parce que rien, jamais, n'est donné ni gratuit. Tout coûte, même - et surtout - se faire du bien. Seuls les naïfs et les idéalistes auront le culot de soutenir le contraire.
Lorsque je dégainai mon porte-monnaie pour régler la consultation, Racine m'arrêta d'un geste. Et dans un fin sourire, lança :
- Cette séance est gratuite. Vous réfléchirez au pourquoi et vous me l'expliquerez la semaine prochaine.
Persuadée d'avoir mal entendu, j'ouvris des yeux ronds et m'accrochai à mes billets. 
- Pardon ?
Racine répéta, impassible :
- Cette séance est gratuite, Mademoiselle.
J'étais si troublée que je butai contre la porte, trébuchai dans l'escalier, remontai les rues au radar. Mon petit vélo d'esprit tournait en boucle. Pourquoi, mais pourquoi cette faveur ? Je repassai la consultation au ralenti et en accéléré, m'attardai sur ses noeuds, rejouai nos dialogues.
Je conclus que mon psy avait eu pitié. Je gagnais mal ma vie, les relations avec mon père étaient pourries, mes valises trop chargées. En vertu de son coeur d'or, Racine le généreux m'avait fait une fleur. L'explication ne me convenait pas malgré sa logique. Je soupçonnais autre chose, un double-fond qui m'échappait. Je réfléchis encore. Soudain l'évidence s'imposa, tellement éclatante qu'être passée à côté m'étonna : par son acte, Racine visait à contredire l'un des piliers de mon enfance, la philosophie de mon père, la méritocratie poussée à son extrême. Se faire du bien, ce n'est pas toujours payant, non.
La preuve.

Quelques mois plus tard, je décidai de clore ma thérapie. J'avais progressé, beaucoup. Je me sentais sereine, allégée. J'avais renoué avec Dermott. Notre relation était différente, apaisée, amoureuse.
Les séances avec Racine commençaient à me peser. J'avais le sentiment de me répéter, de mouliner de vieilles histoires, de m'égarer dans l'anodin. Le bonheur ou ce qui y ressemble se passe de mots, paraît-il.
Il était temps de voler de mes propres ailes.
Ma décision prise, il ne me restait qu'à l'annoncer. Je craignais, un peu, la réaction de mon psy. Sans doute à tort, car je ne l'imaginais ni tenter de me dissuader ni se mettre en colère.
En colère pour quoi, d'ailleurs ? L'idée était absurde.
Mais ce ne fut pas sans embarras qu'à notre rendez-vous, j'annonçai :
- J'aimerais arrêter là. Pour le moment, du moins.
Un bref silence. Racine pencha la tête, s'inclina vers moi.
- Puis-je vous demander vos raisons ?
Je les lui donnai. Il opina du menton, neutre.
- Très bien, Mademoiselle, je vous ai entendu. Voici ce que je vous propose : revoyons-nous la semaine prochaine. Cette séance-là sera la dernière, une sorte de bilan. Aujourd'hui, procédons comme d'habitude.
J'acquiesçai, un peu étonnée. J'ignorais encore que la semaine suivante, je commettrais un de mes plus beaux actes manqués.
Ou réussis, c'est selon.

(Si j'ai pris beaucoup de plaisir à rédiger ce billet, je m'interroge :
présente-t-il un quelconque intérêt ? Je n'en suis pas certaine...
À vous de me dire, s'il vous plaît !)

1re photo de Bill Westheimer, dernière photo d'Helmut Newton.
Illustration de Sarah Moon.

20 commentaires:

  1. Marie Tro a dit :

    Je l'ai parcouru avec beaucoup de plaisir jusqu'au bout. Sûrement car ce billet résonne chez moi. Et les petites descriptions de temps, de lieu et de personnages rendent le tout intéressant (enfin à mon avis). Hâte d'avoir la suite.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Marie, et encore désolée pour ce bug informatique (voilà, c'est dit, j'ai officiellement deux mains gauches !).
      La suite viendra bientôt. Je pars en Thaïlande après-demain et j'espère avoir un peu de temps entre deux visites à Bangkok.
      Amitiés !

      Supprimer
  2. Marie H20 a dit :

    J'aime beaucoup ce billet que je trouve très intéressant et émouvant. Sans doute résonne-t-il en moi de souvenirs de ma propre psychothérapie il y a longtemps. Mais pas que !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir belle Sardine ! Ton commentaire me fait songer qu'il nous faudrait monter un club des anciennes "psychothérapisées"... et, pourquoi pas, nous raconter nos expériences par blogs interposés ?
      Merci, en tout cas, de ton gentil mot.
      Des bises malaisiennes, par un soir de pluie.

      Supprimer
  3. Ordalie a dit :

    Oh oui, c'est intéressant ! Je me suis toujours demandé comment un psy pouvait être utile. Et puis la corvée qui consiste à raconter sa vie, ses angoisses, ses frustrations, ses remords. Et la fatigue d'être soi qui domine le tout.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Ordalie !
      Ton commentaire appellerait une longue réponse (et même plusieurs), je vais essayer de synthétiser.
      Dit rapidement, une thérapie consiste à plonger en soi, à repérer ses schémas de comportement - souvent inconscients -, à comprendre l'origine de nos peurs qui entraînent des blocages. Le but de cette mise à plat est certes de mieux se comprendre et de s'accepter avec nos failles, nos "défauts", nos "échecs" sans en nourrir de culpabilité, mais surtout de mieux vivre en sa propre compagnie et de s'ouvrir des choix : ne plus être prisonnier d'une répétition stérile (nos fameux schémas), mais les briser pour vivre autrement.
      Un tel nouveau départ n'est possible qu'après une prise de conscience, douloureuse mais finalement libératrice.

      Il se peut aussi qu'il faille vider un trop-plein, exprimer une souffrance qu'on en veut/pas partager avec ceux qui nous entourent. Avoir face à soi une oreille neutre permet de se "lâcher", d'autant que le rôle du psy n'est pas de minimiser les propos de son patient, et encore moins de le juger. Le cabinet devient un espace de liberté qu'on a finalement très peu dans la vie quotidienne.
      Se raconter n'est du coup pas assommant mais porteur de sens - même si, en effet, on est déjà fatigué de soi. Mais si l'exercice semble ou devient une corvée, c'est qu'il n'a sans doute pas (ou plus) lieu d'être.

      Supprimer
  4. Quine a dit :

    Ben euh, moi ça m'intéresse, hein ! :) (C'était donc un commentaire à très haute valeur ajoutée, j'vous f'rais dire :p).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Quine,
      un vrai plaisir de te retrouver ici, je pensais avoir perdu beaucoup de lecteur-lectrices suite au changement de plateforme blog. Pas besoin d'être long pour la valeur ajoutée... Il y en a une, si, si !

      Supprimer
  5. Slev a dit :

    Un quelconque intérêt, ce billet ? Non, un triple intérêt. Au minimum.
    Du point de vue du texte d'abord, une composition équilibrée entre la rencontre, son portrait, d'un homme d'importance -ce psy- à un moment capital (comme la peine du même nom peut l'être) de ta vie, et l'état des urgences intérieures qui t'ont amené chez lui. Ensuite une distanciation dans le ton, rendant ce récit possible aujourd'hui, permettant le trait d'humour, alternant concision et développement de moments-clés. Jusqu'à la chute ouverte qui appelle un dénouement, donne envie d'un bonheur.
    Puis le post-scriptum. Son "... s'il vous plait !". Ne pourrait-il pas être à lui seul la raison de ce billet ?
    Car tout à coup, après tout le plaisir pris à écrire ce texte, une ombre passe. Et si ce plaisir n'était que solitaire ?
    Si de l'autre coté de la page il n'y avait personne ? Si mon "je" n'était qu'un doigt sans main sur laquelle compter ?
    Non. Vite, Alda, chère, la suite. En aucune façon, cet acte, nous ne le manquerions. Nous, ce "je" en plus nombreux, vous suit, reconnaissant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cher Slev,
      c'est moi qui vous suis reconnaissante ! Toi qui me connais bien, tu sais qu'il y a le doute, toujours et surtout lorsque les récits se font plus personnels. C'est bon de savoir qu'il y a un "je" de l'autre côté de la page, un "je" attentif et bienveillant.
      Et si ce blog tout entier était une thérapie ?
      Amitiés de mon bout du monde.

      Supprimer
  6. Coldbear a dit :

    Et tu n'y es pas retournée...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et bien si ! Mon acte manqué est encore plus réussi. La fin du mystère (insoutenable, n'est-ce pas ?) bientôt.

      Supprimer
  7. Et l'acte manqué de la suppression de l’article, on en parle ?
    (Je plaisante, bien sûr. On ne se connait pas alors, je préfère préciser, l'écrit manquant cruellement d'intonation. Tout n'est pas à psychologiser, surtout si la personne, en l’occurrence toi, ne demande rien )

    RépondreSupprimer
  8. Ah ah, touché, Marie ! Je n'y avais pas pensé sous cet angle, mais il mérite réflexion. :)
    (Il n'y a aucun souci, je ne l'aurais de toute façon pas mal pris et j'en ai ri. Dixit la fille qui a répondu "Tu suces ?" à un de ses lecteurs en réalisant là, tout de suite, qu'elle a pu le heurter... Gloups.)

    RépondreSupprimer
  9. "mieux vivre en sa propre compagnie et de s'ouvrir des choix : ne plus être prisonnier d'une répétition stérile (nos fameux schémas), mais les briser pour vivre autrement."
    J'ai voulu briser ces schémas d'échec en épousant un homme qui disait m'aimer (faux, il avait besoin de moi pour obtenir un prêt pour acheter une maison vu qu'il était trop vieux pour l'obtenir, c'est aussi sordide que ça).
    Le résultat, tu t'en doutes, n'a rien arrangé de mon côté quand j'ai compris (environ 20 ans plus tard car je ne suis pas rapide) que j'avais été manipulée.
    Mieux vivre en ma propre compagnie? Ah, il va falloir que je trouve un psy comme le tien. Difficile...
    Je ne sais pas si tu as regardé la pièce "Art" de Yasmina Reza avec Pierre Arditi, Pierre Vaneck et Fabrice Luchini: http://www.youtube.com/watch?v=BCIyBbD0QwA
    Elle m'a ouvert les yeux sur un tas de choses.
    Elle vaut le coup!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Ordalie,
      pardon pour le retard de réponse, j'ai finalement profité de ma semaine en Thaïlande pour me tenir loin de l'ordinateur !
      Pour la manipulation : je pense que souvent, on sent que quelque chose cloche mais qu'on ne veut pas pousser l'analyse plus loin car voir la situation clairement nous serait insupportable. Je ne dis pas que c'est ce qu'il s'est passé pour toi, certains manipulateurs sont très doués, très persuasifs et retors.

      Pour le vivre avec soi : finalement, dans cette vie, qu'a-t-on à part soi-même ? Nous sommes le seul élément "stable" de notre existence, les autres peuvent se détourner de nous, nous quitter, mourir... Des liens que l'on croyait à la vie à la mort ne passent pas certains caps (parole d'expatriée qui a perdu quelques amis très chers en s'installant à l'autre bout du monde). Du coup, autant vivre autant que faire se peut en bonne intelligence avec soi, ne pas se haïr ni s'accabler outre mesure. Et cela passe par l'acceptation de qui l'on est, dans nos meilleurs côtés comme dans ceux que l'on aime moins, voire pas du tout.
      Facile à dire, oui, mais je ne vois guère d'autre solution pour ne pas se mener la vie trop dure. Ma mère avait une bonne maxime : "On n'a que le plaisir que l'on se donne". J'essaie de l'appliquer aussi souvent que possible, et même lorsque je me déteste !

      Pour le psy : trouver celui qui nous convient peut en effet prendre du temps, mais c'est la garantie d'un travail "réussi". Rien ne sert de s'infliger un thérapeute avec lequel ça ne colle pas ! Mais il faut avant tout avoir envie d'entreprendre une thérapie, qui peut être longue et pénible. Sans ce désir, la thérapie ne sera qu'une corvée supplémentaire... Autant s'en dispenser, on a déjà assez de contraintes pour ne pas s'en rajouter !
      Je n'ai pas vu "Art", je vais regarder ton lien. Merci pour le partage !

      Supprimer
  10. Bonjour alda,

    Je trouve votre récit passionnant.
    Et plein de qualités que je prise infiniment
    Clairvoyance, lucidité
    Intelligence des êtres
    Sens du récit, balancé, attentif
    Et surtout la qualité qui pour moi prime tout, la tendresse
    Pour vous d'abord ; pour cet homme, professionnel qui vous accompagne avec talent et générosité; pour votre homme du moment.

    Et quel sens du suspens! Vivement la suite!

    Bises attentives

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un grand merci, Monsieur Paul Auster. Je suis très touchée par vos mots, et la tendresse est en effet une bien belle qualité.
      Des bises studieuses en prévision de la suite... J'écrirai sûrement un peu sur la Thaïlande auparavant, les impressions que je rapporte dans les valises sont encore toutes fraîches !

      Supprimer
  11. Que crois-tu qui attire ici, sinon ton âme immense et ton joli chemin? Tu me parles, à chaque fois.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci, Mars. Mon âme vous est très reconnaissante, elle qui ne se voit pas si grande que ça...
      Se parler, se faire écho sans vraiment se connaître, c'est aussi la magie des bulles virtuelles, ces bulles qui nous mettent en résonance en dépit de la distance. Et c'est un beau compliment.

      Supprimer

Maintenant, à vous !